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Tuesday, July 21, 2015

Relève au sein des FARDC : la fin des massacres à Beni?

Le chef de la MONUSCO Martin Kobler et le Gouverneur Julien Paluku assistent aux obsèques des victimes des massacres à Beni (Radio Okapi) 
Ce blog présente un aperçu des recherches préliminaires menées dans le territoire de Beni par le Groupe d'étude sur le Congo (GEC).

Voici plus d’un mois qu’il n’y a plus eu de massacres  en ville et Territoire de Beni, malgré la persistance de bruits de bottes. L’accalmie coïncide avec la relève du commandement et d’une partie des troupes des FARDC engagées dans les opérations Sukola 1 contre les rebelles ougandais ADF (Allied Democratic Forces). La concomitance de la fin – ou suspension – des massacres avec ces changements au sein des FARDC  attire certes la curiosité sur la portée de ceux-ci, mais surtout sur le rôle des FARDC, les facteurs ayant conduit à la relève et les conséquences perçues de ces changements sur l’évolution du contexte.

La relève et restructuration au sein des FARDC engagées dans les opérations Sokola 1 
Les cérémonies de passation du commandement ont eu lieu le vendredi 5 juin 2015 au camp FARDC de l’OZACAF Beni. Le Général de Brigade Muhindo Akilimali Charles (Akili Mundos), commandant la 31e brigade, a été remplacé à la tête du secteur opérationnel Nord-Kivu, Grand-Nord, Opérations Sukola 1, par le Général de Brigade Mbangu Mashita Marcel. La mission assignée au nouveau commandant : neutraliser les ADF. L’ancien commandant adjoint des opérations Sukola 1, colonel Muhima,  a également été remplacé. La cérémonie, présidée par le commandant de la 3e zone de défense des FARDC, le général-major Léon Mushale, s’est déroulée en présence du chef d’Etat-major général des FARDC, le général Didier Etumba, et du Représentant spécial adjoint du Secrétaire Général des Nations unies en RDC, David Gresley.
Au niveau des troupes, celles qui ont été relevées du Nord-Kivu sont :
  •       le 801ème Régiment du colonel  Mugisha, relevé de  Kasando (Territoire de Lubero) ;
  •       le 1007ème  régiment du  colonel Karomo (désormais  3415ème brigade et  redéployé au Sud-Kivu) ;
  •       le 808ème  régiment du colonel Murenzi, redéployé au  Sud Kivu comme 3407ème brigade ;
  •       la 31ème Brigade commandée par Mundos (redéployée à Mambasa).
Parmi les troupes arrivées du Sud-Kivu et de l’extrême sud du Nord-Kivu, on compte :
  •       le 311ème  bataillon URR (unité de réaction rapide) du général Kalonda venu de Nyiragongo pour couvrir désormais l’axe Mbau-Kamango ;
  •       le 3302e  régiment  (en  remplacement du 808e);
  •       le 3310e  régiment ;
  •       le 3304e régiment en provenance de la plaine de la Ruzizi.
D’autres troupes proviennent de la Province Orientale. C’est le cas du 905ème régiment venu de Dungu (et qui s’occupera désormais de l’axe Oïcha-Eringeti).
Certaines autres troupes ont subi des petits changements sans être déplacées de Beni. En l’occurrence :
  • Le 805ème régiment est devenu 3402ème brigade ; il sera sous les ordres du colonel  Balinga en remplacement du colonel Kennedy, pour contrôler  la brousse autour d’Oïcha ;
  • Le 809ème régiment devenu 3408ème brigade contrôle Oïcha qui devient un sous-secteur opérationnel, sous les ordres du colonel Fredy Kabalenga, en remplacement du colonel Kisembo ;
  • Le 1003ème régiment devient 3413ème brigade et contrôle Beni-ville sous les ordres du colonel Emile, en remplacement du colonel Tangazo, muté désormais sur l’axe Mutwanga à la tête du 1006ème régiment (devenu 3414ème brigade).
Pourquoi ces changements ? Certainement le vœu sans cesse répété par les structures de la société civile à chaque passage d’une autorité nationale ou internationale a joué un rôle important (ex : Déclaration du Conseil Culturel de Mutwanga 15 au 17 mai 2015 et le Message du 23 mai 2015 des Evêques du Kivu). Depuis des mois, ces structures ont dénoncé l’inaction et l’inefficacité du gouvernement, des plaintes  renforcées par le rapport de la mission parlementaire de novembre 2014.  Certaines de ces plaintes vont jusqu’à accuser les FARDC de complicité avec les massacreurs.

Il est tôt d’essayer de parler de conséquences de ces changements. Mais déjà on peut constater une hausse en confiance de la population locale envers l’Etat, et on voit que les paysans commencent à rentrer dans leurs champs. Ces changements ont aussi ouvert l’opportunité de renforcer la discipline militaire en enquêtant sur l’implication de certains FARDC et en sanctionnant les éventuels indisciplinés (Comme le lieutenant-colonel Benjamin Kiwebe arrêté le 14/06/2015). Néanmoins, les massacres continuent– on en compte trois depuis le départ du Général Mundos : le 26 juin, le 9 juillet et le 14 juillet.

Confusion sur les forces en présence et le rôle des FARDC

Le départ des commandants contestés n’a pas maté la controverse autour de l’identité des assaillants. Les conjectures et spéculations demeurent dans tous les sens :
  • Les ADF qui ne seraient plus que cinq centaines avant d’être quasi-entièrement défaits par les Opérations Sukola 1 pendant le premier semestre 2014 et dont les résidus seraient tentés de se venger ou de détruire la confiance de la population envers les FARDC ;
  • Les familles hutu dont les migrations en quête de champs vers « Boga et Tchabi » en passant par Beni coïncident avec les massacres à Beni ;
  • Les élites politiques locales rivales qui essaieraient de se diaboliser mutuellement à l’approche des élections ;
  • Les FARDC, infiltrées ou complices, dont l’inaction ou l’inefficacité face aux massacreurs ne rime point avec leur omniprésente position de force dans la contrée ;
  • Le M23 et autres groupes armés intéressés à préparer le lit d’une nouvelle rébellion.
Même si au niveau des FARDC et de la MONUSCO l’hypothèse mis en avant reste celle des ADF, des contradictions au niveau des témoignages des survivants laissent planer le doute sur l’identité des assaillants. Le rôle des FARDC en tant qu’ « acteurs sécurisants » les plus officiels et légitimes a été difficile à décrire pendant les 8 mois de grands massacres (octobre 2014–mai 2015), au milieu d’une confusion que personne, en commençant par les FARDC, n’a réussi à dissiper pour identifier clairement les massacreurs contre qui l’Etat congolais est censé se battre pour la sécurité de la population.

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